Après le mutisme, les questions sans réponse. La stratégie royale s'affine !
Des forums, comme il en existe à peu près sur tous les sites politiques ! Voilà, à quoi ressemble le site tant attendu de la "candidate à la candidature". Un site impersonnel, sans aucune proposition de l'interessée, si ce n’est celle de recueillir les idées des autres pour lui écrire son programme.
Et chacun de se réjouir d’avoir eu son intervention choisie pour publication. Car le forum est modéré - c’est plus prudent - et il vous faudra, de plus, montrer patte blanche et vous inscrire avant d’être autorisé à aider au remplissage de la coquille vide.
La « démocratie participative » ! Une trouvaille et l'illusion parfaite donnée à chacun de détenir une poussière de pouvoir, de servir peut être à quelque chose… qui sait ? Bien peu de place en vérité au débat, à la contradiction, à la spontanéité, totalement bannis des forums. C’est le marketing participatif, la démagogie on line !
Ségolène n’a rien à dire,
mais elle "gardera sa liberté de parole"
A travers des débats aussi vagues que « donner à chacun les moyens de choisir sa vie » (ça fait rêver…) « la France dans le monde »… (et on sent tellement le concret…) les internautes proposent. Une synthèse sera réalisée ensuite par le staff de la candidate (On est rassuré, y a des gens qui travaillent!). Mais quel contraste entre les interventions quelquefois intéressantes des internautes et le discours si creux de leur gourou. Quel gâchis aussi !
On pensait que Ségolène allait cette fois rompre le silence. Niet ! Elle est comme dans les médias : muette. Ses seules interventions bruyantes et remarquées, dans la presse, consistent à dire « Je garderai ma liberté de parole quoi qu'il arrive » ! Excellent !
Si seulement elle usait de cette liberté, si seulement elle avait quelque chose à dire… Ségolène est la plus impressionnante langue de bois du PS. Mais le plus fort de tout, c’est que ça marche !
Je ne sais rien, mais je dirai tout...
Alors elle en remet une couche sur la misogynie des Français et des politiques : « dans l'accession au pouvoir, on n'aidera pas les femmes » répète-t-elle en boucle, feignant d’ignorer aujourd'hui que le fait d’être femme constitue son atout principal (sinon le seul).
Ségolène n’a rien à dire mais elle le dit. Et encore une idée lumineuse ! Car des idées, elle en a… concernant sa stratégie pour la mener au pouvoir. Elle va désormais parler de « phase d’écoute ». Ca devrait bien tenir encore un mois, après quoi il faudra peut être trouver un autre "truc", un autre mot. « Parce que je pense qu'il faut écouter pour agir juste » dit-elle. L’écoute c’est louable, si, par ailleurs, on exprime quelques opinions, quelques convictions. Mais ajouter à son silence un site qui ne fait que dresser une liste de questions, c’est un peu se foutre du monde, non ?
Alors, Ségolène écoute. Mais que faisait-elle avant ? Comment ça avant ? Tout le monde sait que Ségolène est toute neuve en politique, comme tombée du ciel. Elle incarne tellement cette rupture d’avec les grOOOOs zéléphants du PS. Au besoin pour nous convaincre de notre bon choix, on nous ressortira Jospin, comme un répulsif, comme s’il constituait, à gauche, l’unique alternative possible à la populiste Royal.
Ah bon, elle est énarque ? socialiste ? Elle a été aussi ministre ? Combien de fois dites-vous ? Un peu cumularde aussi ? Oui, déception, Ségolène n'est pas tout à fait neuve… mais quand même, c’est une femme. Ouf ! Ségolène est sauvée !
... tout et son contraire
Sur son site, les messages d’amour affluent et les médias ne parlent que d’elle. Comme le Nouvel Obs, le Parisien est sous le charme, comme Bernadette qui « en pince pour elle ». La presse droitière est souvent plus élogieuse encore. C’est elle d’ailleurs qui en parle le mieux. Loin d’apparaître comme suspecte, Ségolène sort renforcée de ce plébiscite à droite. Ca signifie simplement que, ELLE, elle est au-dessus des partis. Car Ségolène peut chanter les louanges d’ATTAC et de Blair dans la même phrase, villipender le CPE et prôner la flexibilité, dire une chose et son exact contraire, sans étonner personne. Juste des petites phrases un peu vides égrenées de ci de là sur lesquelles les journalistes pourront rebondir, commenter, déduire, discuter, imaginer. Elle fait la quasi-unanimité. A l’émission « Rispotes » qui lui était consacré, elle a conquis tout le monde. A droite, on a vanté ses qualités. Mais, plus surprenant, la gauche, présente sur le plateau, a été aussi dithyrambique. Même Voynet – qui rêve peut être déjà d’un ministère gauche plurielle - lui faisait les yeux doux. Bien sûr, on y aura parlé que de la forme. Et de quoi d’autres pourrait-on parler pour l'instant à propos de S. Royal ?
L'ignorance crasse
est désormais synonyme de virginité politique, d'intégrité
Tout ce que Ségolène dit ou fait n’influe désormais aucunement sur les sondages. Alors à quoi bon parler, écrire, avancer des idées, construire des arguments ?
La stratégie ? Surtout ne pas risquer de déplaire. Parler le moins possible ou pour dire des choses insignifiantes. Dire une chose et immédiatement après son contraire. Jouer la victime combattive en répondant à des attaques imaginaires. Et plus que tout, ne jamais passer pour une spécialiste. Comme si l’ignorance crasse était aujourd’hui synonyme de virginité politique et d’intégrité. L’ère est aux ignorants, aux populistes. Bien désolante époque ! YB